L’évangile selon Pilate
Un article co écrit avec Rubenia Timmerman
Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur incontournable de la littérature francophone. Novelcast a sorti le 30 mai dernier une époustouflante adaptation en série audio de son ouvrage « L’évangile selon Pilate » publié chez Albin Michel puis en livre de poche. Le récit a reçu le Grand Prix des lectrices du magazine Elle en 2001.
Il y a quelques années, j’ai lu L’évangile selon Pilate d’E-E. Schmitt, ce géant de la littérature française, que j’admire et dont je dévore les livres.
Comme la version audio, je n’avais pas su me détacher du récit avant sa fin. Les heures m’ont paru être des minutes.
J’ai découvert les livres audio récemment et ce nouveau média me laisse toujours sans voix. L’univers musical, le texte, les intonations, le timbre des voix magnifient les mots en nous plongeant dans un univers sonore presque palpable. J’étais au volant de ma voiture et pourtant, je n’avais qu’une envie : fermer les yeux, me laisser porter par les images qui se dessinaient devant moi.
Monsieur Schmitt. Un philosophe, un sage, un observateur du monde, qui semble posséder le pouvoir de lire dans le cœur des hommes.
Des hommes.
C’est bien de cela dont il s’agit dans ce récit. D’êtres humains comme vous et moi. Jésus, ou Yechouah, et Ponce Pilate, le premier élevé au rang de divinité et l’autre au rang de bête. L’écrivain leur rend leur humanité, au travers de leurs doutes, leurs peurs, leurs croyances, leurs épreuves et leur amour. Ces deux hommes ont donc bien plus en commun qu’on pourrait le croire de prime abord.
À nouveau, ces mots m’ont fait réfléchir. Juste après l’écoute, une fois posée, j’ai noirci des pages entières de pensées et de réflexions, dont je vous ferai grâce.
En bonne agnostique, j’ignore si (un) Dieu existe, s’il y a une vie après la mort ou si la réincarnation n’est qu’une chimère. Je ne dis donc pas que ce n’est pas vrai, je dis juste que je n’ai pas la réponse à ces questions. Peut-être un jour la découvrirons-nous, peut-être pas.
Comme Ponce Pilate, j’ai compris qu’il existait de l’incompréhensible et je trouve ça beau et rassurant, car les humains n’ont pas encore tout compris et expliqué. C’est cette part d’incompréhension qui nous inspire des histoires en titillant notre imagination : les fantômes existent-ils ? Les arbres communiquent-ils entre eux ? Comment fonctionne vraiment notre cerveau ? Pourquoi rêve-t-on ? L’amour universel n’est-il au fond qu’une illusion, impossible à réaliser justement à cause de notre humanité ? Les questions font fleurir des réponses, répond avec philosophie Claudia Procula.
Le monde a-t-il un sens ? Notre existence même a-t-elle un but ? Le destin existe-t-il pour chacun d’entre nous ? Même si je ne suis pas adepte de ces manières de considérer la vie, ces questions méritent d’être posées. Le récit se pose donc plutôt en moment de réflexion, de philosophie, et non en ode à la religion ou aux propos absolus.
Parce que s’interroger sur soi, sur le monde qui nous entoure, douter, apprendre pour devenir une meilleure version de nous-mêmes, voilà ce qui fait de nous des humains. Comme Yechouah, nous avons la capacité de puiser en nous les ressources pour avancer sur notre chemin, aux côtés des pèlerins de la vie, qui nous croisent, nous frôlent, nous bousculent parfois, et nous accompagnent le temps d’un battement de cil, de quelques jours, quelques mois, quelques années, toute une vie parfois.
Merci Monsieur Schmitt d’avoir fait fleurir toutes ces questions, comme des branches de mimosas.
L’adaptation audio de ce best-seller est étonnante. Le choix de mixage, jeu des comédiens, habillage sonore : musique et bruits d’ambiance sont très réalistes. En écoutant, nous pouvons visualiser chaque scène et imaginer l’histoire tel un film.
Si vous ne connaissez pas encore le travail de la société de production Novelcast, allez vite découvrir leur production sur Audible ou Nextory.
Bref, vous l’aurez compris. Ne passez pas à côté de ce récit intemporel qui s’adresse à toutes et tous. Merci à Novelcast pour cette production de qualité, qui rend justement ce récit aussi accessible aux publics déficients visuels, à ceux et celles qui éprouvent des difficultés à lire, n’aiment pas ça ou tout simplement, n’en ont pas le temps. Laissez-vous entraîner dans l’enfance de Yechouah, accompagnez-le jusqu’à Jérusalem, descendez avec lui dans son puits d’amour intérieur. Suivez l’enquête de Pilate qui, comme Sherlock Holmes, tente de percer le mystère de la résurrection du magicien de Nazareth.
« C’est une adaptation que j’avais envie de réaliser depuis que j’ai commencé les fictions audio en 2013. Non seulement, le scénario est remarquablement construit, mais il aborde aussi des thèmes qui me semblent indispensables en cette période : la compassion et l’amour, bien entendu, mais aussi le refus du déterminisme, qu’il soit religieux, culturel ou politique. Et cela dans le but d’atteindre la réelle liberté, l’indépendance de pensée. » |
En conclusion, pour Jean-Baptiste Jeannot et son équipe c’est un pari audacieux, mais réussi !